Tu te demandes s’il est possible de retarder le décollage d’un avion ? Pourquoi je te raconte tout ceci alors que mon histoire remonte à loin dans le passé ? Parce que…

Le passé est un lieu de référence, et non un lieu de résidence.

Printemps 2012.

Je viens de passer 13h dans ce Boeing. Je repense à mon départ de Strasbourg, un sourire aux lèvres.

Le départ.

Je ne changerais jamais : je me suis habillée et ai préparé mon sac de voyage en trente minutes avant de quitter mon appartement. A vrai dire, j’ai pris mon make up journalier et les fringues qui trainaient pour les envoyer dans le premier sac qui m’est arrivé sous la main, donc trop petit.

Aïe ! Il me faut 8 minutes pour atteindre l’arrêt de bus, il me manquera donc 2 minutes pour être à l’heure. 😒

Au moment où je claque la porte de l’immeuble, un mélange de grêle et de pluie s’interposent entre le bus et moi (oui tu as bien lu).  Je me mets à courir. Y arriverais-je à temps ?
Je décide de faire du stop. Là, une voiture s’arrête et je demande au chauffeur de me déposer… au bout de la rue, soit 100 mètres plus loin. Le conducteur s’esclaffe et accepte de m’avancer.

Un peu plus et je ratais mon bus affrété par Lufthansa, qui fait la navette entre Strasbourg et l’aéroport de Frankfurt.

L’arrivée.

Mon avion commence enfin sa descente vers l’aéroport Changi de Singapour. C’est la deuxième fois que j’effectue un vol seule. La première fois c’était pour New York et j’avais beaucoup flippé.

Un sourire apparaît à nouveau sur mon visage.
Nous en parlions depuis tellement longtemps par écran interposé, nous avons pensé à tous les détails de nos retrouvailles. Voilà que le jour-J est ENFIN arrivé !

Au bout d’une heure, mon excitation est à son paroxysme. Je récupère mon sac-cabine. Pas le temps pour avoir un bagage en soute, je suis déjà en retard. Je dois me dépêcher. Nous avons prévu de nous retrouver à ma sortie de l’appareil. Je jette un coup d’oeil dans le groupe de personnes venues récupérées un de leur proche.

Je reconnais ce sourire qui vient illuminer son bronzage, ces quelques mois passés en Asie lui ont été bénéfiques. Nos embrassades étaient à la hauteur de l’attente. Madi était étudiante en LL.M droit international des affaires (oui je suis fière d’elle). Elle avait son sac-cabine, j’avais le mien. Les retrouvailles sont de courte durée car… notre vol pour Bali décolle dans moins de 20 minutes ! GO !

L’embarquement.

moins de 20 minutes avant le départ : atteindre le terminal ?

Pour atteindre le terminal d’embarquement, il faut prendre un genre de skytrain très futuriste. Un peu comme le métro parisien de la ligne 14 entre 2 stations.
Temps de trajet : 10 minutes.

moins de 10 minutes avant le départ :

Faisant une correspondance entre 2 vols, je n’ai pas besoin de passer le security check. Sauf que…

Madi ne l’a pas passé, elle doit se rendre à l’étage inférieure. Quant à moi, il ne me reste qu’à tendre ma carte d’embarquement.

Là je suis sur le point d’embarquer. Madi m’appelle et me dit de prendre l’avion. Comment ?

Elle n’est pas autorisée à passer la security check à 5 minutes de la fermeture des enregistrements. Elle m’explique essayer de débloquer la situation.

Ainsi parce qu’elle est venue me rejoindre à ma descente d’avion, Madi resterait bloquée à l’étage inférieure à regarder le décollage derrière une vitre ? NON !

Dans un anglais plus qu’approximatif, je me mets au boarding desk et je supplie les employés de débloquer la situation. Je tends mon téléphone au vigile et demande à Madi de tendre le sien à son vigile qui ne veut pas lui laisser le champ libre. Les stewards déconcertés me demandent d’intégrer l’avion dans un grand calme. Je refuse.

D’ailleurs j’informe tout ce petit monde que je ne rentrerais pas dans l’avion sans ma Madi. L’unique solution serait-elle de retarder le décollage ?

Je répète à plusieurs reprises mon long argumentaire-explication-rêquête.

3 min avant le dénouement

Ma pote que je suis venue rejoindre, qui a booké un vol 30 minutes après mon atterrissage et qui a tout organisé pour un week-end prolongé sur Bali avec 2 amis de son école, ne pouvait pas rester coincée sur Singapour en raison de son accueil. 🤔

Le temps défile, décidément trop rapidement.

Quand… tout à coup, je la vois. Son beau sourire illumine son visage. Elle passe enfin le boarding desk.

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiii 🤪

Voilà comment retarder le décollage d’un avion.

Finalement, réunies et heureuses, la pression a disparu. L’icône « fasten seat belts » s’allume, un petit bip retentit, l’avion quitte le tarmac.

Le vol s’effectue sans encombre bien que bourrées d’émotions (note le jeu de mots).

Notre avion amorce sa descente vers Bali et… la suite dans un prochain Travel Story.